Je vais vous confier un secret : un de mes petits plaisirs du weekend consiste à marcher dans les rues de Bayonne sans trop savoir vers quoi je me dirige. Et un de mes jeux favoris consiste à détailler les panneaux de rues et essayer d’imaginer ce qui se cache derrière les noms les plus insolites. Et, rien que pour vous, voici la véritable histoire des 5 rues qui m’ont le plus intriguées …
Rue Tombe Loli : mystérieux tombeau enseveli ou commerce d’huile précieuse ?
Mes divagations : sur la route de la Gare de Bayonne, tout en bas de la célèbre et étroite rue Maubec, se cache la ruelle escarpée « Tombe Loli ». Je me suis souvent arrêtée devant cette rue en tentant d’imaginer en quel honneur ce nom incongru lui avait été donné : une Loli célèbre serait-elle enterrée sous cette rue ? Ou cette même Loli, endimanchée, serait-elle tombée et aurait-elle glissé le long de cette rue escarpée ?
La vraie histoire : la véritable version est bien loin de ce que je pouvais imaginer : le nom signifierait « tombe l’huile » et aurait été donné en référence au commerce d’huile par les Juifs qui s’étaient installés dans le quartier Saint-Esprit au XXème siècle après avoir fui l’inquisition en Espagne.
Avenue Truc-de-Moy : surnom d’un groupe d’hommes forts du quartier ou pari perdu ?
Mes divagations : je vous avoue que je me suis longtemps demandé si la personne qui avait donné ce nom à cette rue n’avait pas perdu un pari. Ou si elle manquait tout simplement d’inspiration. Je l’imagine ouvrant au hasard les pages d’un dictionnaire, et, les yeux bandés, faire tournoyer son doigt au-dessus de mots finalement choisis au hasard.
La vraie histoire : située entre les Allées Paulmy et Aritxague, le nom de l’avenue Truc-de-Moy serait – d’après l’auteur R.Cuzacq – une déformation du gascon Tuc de Moy qui signifierait tête de mouton. D’autres versions avancent que ce nom, quelque peu incongru, voudrait dire « coup de barrique » ou « coup de bélier ». La version coup de bélier est la plus souvent retenue. Ce nom aurait été donné en référence à un groupe d’hommes forts – comme des béliers – qui vivaient dans le quartier. D’autres murmurent que la rue doit son nom à un domaine connu sous le nom de Tuc de Moy dès 1935.
Allée du Grand Paradis : un domaine historique ou l’équivalent miniature du Vatican ?
Mes divagations : peut-être qu’à l’époque il existait l’équivalent miniature du Vatican à Bayonne. Cet endroit était tellement beau qu’un « videur divin » placé à l’entrée sélectionnait scrupuleusement les personnes qui avaient le droit d’y entrer.
La vraie histoire : elle est un peu moins romancée que dans mes pensées. Le nom de la rue située non loin du rond-point de Saint-Léon serait une référence à l’ancienne propriété de ce nom qui eut l’honneur de recevoir la Reine Elisabeth de Valois en 1505.
Rue du Pilori : place où l’on exposait les malfaiteurs ou histoire tirée par les cheveux ?
Mes divagations : cette rue tiendrait-elle son nom d’une ancienne place où le condamné était attaché à un poteau pour être vu du public ? La foule lui jetait peut-être tomates et autres détritus pour le punir d’avoir commis une faute grave ? Le but était-il d’impressionner le peuple bayonnais pour qu’il file droit ?
La vraie histoire : j’avais raison ! Ici le nom de la rue – proche de la Cathédrale Sainte-Marie – signifie bien ce que tout le monde avait en tête à la lecture de son panneau. Au départ l’endroit était un simple poteau où les mauvaises âmes étaient attachées par un collier de fer à la vue de tous. Ce poteau se transforma par la suite en tourelle de pierre, monument plus imposant, mais remplissant les mêmes fonctions que le poteau. Cet édifice fut détruit au XVII siècle car il gênait la circulation dans la ville. Fin de l’histoire.
Route du travail : route empruntée par les nouveaux adultes ou simple hommage au travail sacré ?
Mes divagations : serait-ce la route sur laquelle les parents envoyaient leurs enfants – fraîchement adultes – pour leur apprendre la vie ? Ou encore le chemin menant à d’anciennes mines de fer, de sel, de cuivre ou de charbon ?
La vraie histoire : derrière le giratoire des Pontôts, près du ruisseau d’Aritxague et de la départementale D810 se trouve la rue du Travail. L’idée de donner ce nom à cette voie a sûrement été celui de rappeler – à ceux qui l’auraient oublié – que le travail devait être honoré. D’autres disent que l’étymologie du mot vient du latin tripalium qui désigne un instrument de torture. Et enfin, d’autres versions avancent qu’il s’agit ici – tout simplement – de rendre hommage à la tradition ouvrière de la ville de Bayonne.
Voilà, le voile est levé sur les noms de rues les plus insolites de Bayonne. A vous de voir si vous préférez déambuler dans les rues de Bayonne en laissant votre imagination divaguer ou percer leurs mystères avec le livre « Les Rues de Bayonne » de Jean-Marie et Raymond Chabaud sous le bras !
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Crédits photo : Google Maps