Dans les coulisses du musée …
Un travail nécessaire pour assurer la préservation des collections : focus sur la bulle d’anoxie
Depuis la fermeture du musée en 2011, nous avons lancé une importante campagne de conservation préventive, afin de stabiliser les altérations des collections, de garantir leur bonne conservation, et de pouvoir à nouveau les montrer au public…
Qu’est-ce que la conservation préventive ?
La conservation préventive nous donne les moyens de préserver au mieux l’état originel de l’œuvre.
Ce processus a débuté par le bilan général de l’état des collections du musée. Toute l’équipe a été formée à la manipulation des peintures, des sculptures, des dessins, des objets d’art et à leur observation. Chacun a pu apprendre à repérer les œuvres fragiles. Grâce à ce travail, le musée peut identifier celles qui sont le plus en danger et faire appel à des restaurateurs lorsque cela est nécessaire. On peut également entreprendre des traitements, pour lutter par exemple contre les insectes qui dévorent le bois, le papier, le tissu ou la laine, comme une opération d’anoxie.
Qu’est-ce que l’anoxie ?
« Anoxie », voilà un terme un peu barbare ! En réalité, il signifie « sans oxygène ». Pour tuer certains insectes dangereux pour les collections, on enferme les œuvres et les objets dans une bulle étanche. On augmente peu à peu la température à l’intérieur de la poche, puis on supprime progressivement l’oxygène, que l’on remplace par de l’azote. Les insectes adultes, les larves et les œufs meurent alors d’asphyxie.
Pour que ce procédé soit radical, nous avons dû enfermer les œuvres durant trois semaines dans cette poche, et travailler avec un restaurateur spécialisé.
Pourquoi l’anoxie et pas l’insecticide ?
L’azote est un composé neutre, contrairement aux insecticides, pleins d’agents chimiques qui pourraient abîmer les matières et les couleurs des œuvres.
De plus, ce procédé est très efficace et garantit la destruction totale de tous les insectes, quel que soit leur stade de croissance.
Avant de mettre la bulle en place, nous avons dû couvrir la fosse du patio afin de gagner de l’espace. Nous avons aussi préparé et aménagé des caisses pour conditionner et protéger certaines œuvres, et ainsi pouvoir les déplacer sans danger.
Nous avons ensuite rassemblé les œuvres qui contenaient du bois ou du tissu sur des rayonnages métalliques, en économisant le maximum d’espace ! Il fallait des hommes forts pour déplacer des tableaux comme le Portrait du général Ottavio Piccolomini par Johann Boeckhorst, une peinture mesurant près de 2m80 de haut !
Une fois les œuvres rassemblées, nous avons pu fermer et remplir d’azote cette fameuse bulle, finalement très impressionnante !
Après trois semaines d’attente, nous avons enfin redécouvert les œuvres le 6 janvier dernier. Notre mission est désormais de les stocker dans des zones aménagées au sein du musée, afin de les conserver et de les étudier, en attendant qu’elles rejoignent les nouvelles réserves mutualisées des musées de Bayonne dont la construction débutera en 2015 !